Journal de Kazero (N°11)
Compte-rendu au 1er jour de la 2ème semaine du mois de Tsuki-mi-zuki

La cité :

- De nombreuses rumeurs courent quant à l'avènement d'une nouvelle "force" sur la presqu'île !

On peut entendre ça et là de nombreuses histoires sur des groupes, voire même des armées, de morts-vivants !
Les esprits seraient-ils vraiment en colère ? Si en colère contre nous, qu'ils aient décidé de venir sur nos terres et d'y proférer le mal ? Qu'avons-nous fait ? Pourquoi viennent-ils ici bas ?
Personne ne semble pouvoir l'expliquer. Même les moines ne peuvent répondre à ces questions.
Certaines rumeurs laissent entendre que ces âmes perdues seraient organisées en groupes et qu'elles frapperaient au hasard des rencontres, ne laissant rien de vivant sur leur passage !
Bien entendu, nous enquêtons et vous tiendrons informés sur la véracité de ces faits au plus vite.

- La "chasse" aux Bakemono continue à battre son plein !

Les autorités ont plutôt bien réagi face à l'affluence grandissante de Rônin.
En effet, une certaine insécurité fit alors son apparition en ville. Les salons de thé été envahis par toutes sortes de gens, le plus souvent armés, qui venaient dépenser l'argent gagné grâce aux primes promises par le seigneur Matsushita pour les têtes de Bakemono.
Jusque là rien d'anormal, sauf que, le sake, la mauvaise foi et l'envie de se battre aidant, les rues de la cité sont rapidement devenues de véritables coupe-gorges.
Après les cauchemars dont, je vous le rappelle, une grande partie de la cité fut victime (Merci au temple Bouddhiste pour son action efficace), les enlèvements d'enfants dont nous avons aussi été victimes même s'ils étaient moindres en comparaison à nos campagnes et la visite impromptue de forces plus ou moins démoniaques (telle celle du Premier dont nous n'entendons plus beaucoup parler d'ailleurs, ce qui ne nous rassure pas outre mesure), voilà qu'arrivent de nouveaux problèmes en la présence de ces mercenaires avides de combats et prêts à tout.
Le seigneur Teda a bien entendu réagi, comme je vous le disais au début de cet article, mais ne s'y sont-ils pas pris un peu tard ? N'auraient-ils pas dû prévoir tout ceci avant ? Prévenir au lieu de guérir comme nous l'enseigne la sagesse de nos médecins ?
Aujourd'hui tout est rentré dans l'ordre mais à quel prix...

- Les grands travaux de rénovation des murailles de la cité.

Là aussi du nouveau ! Les équipes d'artisans ont été doublées !! Il semble que le seigneur Teda veuille gagner du temps sur leur réalisation, et qu'il y ait mis le prix. On y travaille toujours de nuit comme de jour, sans relâche. L'accès en est évidemment, comme depuis le début, interdit. Les Samouraï prétextent le danger potentiel encourru...
Quoi qu'il en soit, nous aurons bientôt des murailles toutes neuves...

- L'école de Shugendo recrute.

Une annonce officielle a été faite, affirmant que des salaires dignes de Samouraï seraient versés à tout Shugenja désireux de rejoindre les effectifs de Dame Aïko.
Si mes renseignements sont exacts, mais il est évident que Dame Aïko saura me contredire le cas échéant, plus d'une demi-douzaine de Shugenja l'auraient déjà rejoint. Pour la plupart, il s'agirait d'apatrides, venant des terres du seigneur Kaga.
Espéront que tout cela serve bénéfiquement à la cité, comment pourrait-il en être autrement ?

Les terres du seigneur Teda :

- La campagne anti-Bakemono a du bon. Effectivement, les routes sont devenues assez sûres. Malgré l'apparition d'un nouveau fléau, moindre : la présence de personnes animées de mauvaises intentions, utilisant le prétexte de la "chasse" pour piller, parfois, et terroriser certains voyageurs.

- Une caravane fortement gardée est arrivée en ville depuis peu. Les Samouraï chargés de sa protection portent tous le Mon du seigneur Mino. Il s'agirait d'une forte somme d'argent, prêtée (donnée ?) par le seigneur Mino à Teda-Sama. Notre suzerain aurait-il quelques soucis financiers ?

- Toujours sans nouvelle du fils du maître de Go, le Senseï Osunage. On notera pourtant la présence permanente d'une escorte de qualité, toujours aussi peu encline à répondre à mes questions.

Politique extérieure :

- Le seigneur Kaga a décidé de laisser au abord de Garashiku une forte troupe armée. Il ne semble pas avoir supporté sa défaite militaire !
Quand à savoir la mission réelle de ces hommes, j'en suis bien incapable aujourd'hui, à moins que le seigneur Kaga m'autorise à lui poser quelques question ? Mais j'en doute...

- Le seigneur Ida est maintenant maître des monts portant son nom. Il n'a pour le moment fait aucun commentaire. Pourquoi s'est-il décidé, du jour au lendemain, à agir de la sorte ? Toujours est-il qu'il semble que la Passe des Esprits soit aujourd'hui sécurisée, d'ailleurs de nombreux et très importants travaux ont déjà débuté, ils visent à construire une gigantesque route dans la passe même. L'Est et l'Ouest auraient ainsi un lien de communication surveillé et gardé, facilitant à n'en pas douter les échanges commerciaux entres les deux parties de la presqu'île...

- La province de Matsue en guerre !!

Cette province, comme vous le savez déjà, est divisée entre 8 Daïmyo. Mais aujourd'hui de fortes dissensions animent ces personnes qui viennent depuis peu de passer à l'acte. Des affrontements ont déjà eu lieu entre trois d'entre eux. Ces seigneurs se battraient pour le contrôle de l'entrée de la Passe des Esprits. Il semble qu'il y ait déjà eu plusieurs centaines de victimes lors du premier affrontement, au pied des Monts Ida.

Plus à l'Ouest des terres, à Matsue exactement, la guerre fait aussi rage. Cette fois-ci il s'agit de prendre la cité.
Deux seigneurs se sont unis contre le Daïmyo contrôlant ce port. Les objectifs semblent commerciaux au premier abord mais on dit qu'une grande partie du peuple habitant les alentours de la cité, voire la cité même, auraient rejoint les rangs d'une secte, prônant le retour de dieux anciens, oubliés mais ayant soi-disant contrôlé ces terres fut un temps.
Cette secte, dont je ne connais le nom, semble avoir les moyens de ses ambitions puisque de nombreux temples seraient en cours de construction aujourd'hui même. Les Dieux en question, donc la voie choisie par leurs adeptes, seraient tout ce qu'il y a de dangereux, puisqu'ils incitent à croire aux sacrifices humains, rites sombres de possessions et autres pratiques plus que douteuses.
Leur position actuelle face à la prise de Matsue reste tout aussi inquiétante, puisqu'ils disent vouloir gagner leur liberté en détruisant la plupart des seigneurs qui, selon eux, oppriment et terrorisent le peuple pour leur enrichissement personnel au lieu de prier leurs Dieux et de les reconnaître comme leurs maîtres ultimes. Selon eux, seuls les Dieux peuvent diriger...
Bref, la province de Matsue semble en bien piteux état et le seigneur dirigeant le port, bien seul.

Brève :

- Le seigneur Teda maintient la prime pour la capture de Satoru à 300 Koku.

Articles des joueurs :

Kazero parle : "Voici Kayito, conteur qui nous vient de la province de Matsue. Il lui a été donné d'assister, il y a quelques jours, à une curieuse scène, dans le fameux salon de Thé du Riz Blanc, de la petite ville de Sapporo. Je le laisse vous narrer son histoire."

...

"J'étais donc en train de boire mon bol, à la recherche de cette inspiration qui nous est si précieuse à nous, personnes d'art. J'allais faire venir la belle Yanako pour me tenir compagnie, quand un habitué est entré en trombe, trempé de sueur, la peur et l'incompréhension dans les yeux. Il est un chasseur bien connu dans le coin, on le soupçonne même de braconnerie...
Enfin, toujours est-il qu'il s'est assis en face de moi, et il a commencé à parler, d'une voix forte où se mélaient le trouble, la fébrilité, la peur, et tant de ces émotions humaines qui nous différencient des animaux.

"Je traquais un animal depuis deux jours, mais je venais de perdre sa piste, alors j'ai pris le chemin du retour. J'étais dans la forêt silencieuse, et j'étais presque arrivé à la rizière quand j'ai entendu des bruits d'armes. J'avais entendu dire que des choses bizarres se passaient vers la forêt, alors je me suis arrêté. Je m'suis avancé, en faisant aucun bruit comme si j'étais à l'affut d'un bestiau. Et puis j'ai vu, sur le sentier... Y'avait un immense gros Bakemono avec un p'tit humain avec un Kimono tout poussiéreux. Y'z'étaient face à deux Samouraï à la peau aussi blanche que la poudre de riz de Yanako !"

Attrapant le bol de Saké que le tenancier venait de poser devant lui, l'homme l'a vidé d'un trait, s'essuiant les lèvres du revers de sa manche, avant de tourner son regard vers un rideau qui coupait la pièce, au fond. Il était entrouvert, et un visage féminin apparaissait, comme guettant. Vivement, le rideau s'est rabaissé.

"Y'avait un fermier derrière l'humain si pitchoune, avec un bâton, qui s'approchait doucement. Ca sentait horriblement mauvais, comme si une charogne était restée crevée là depuis des jours. Quand j'ai vu ça, je me suis vite caché derrière un gros arbre. J'étais pas dans le vent, ils pouvaient pas savoir que j'étais là, alors j'ai regardé encore. L'humain se battait très bien avec son Nunchaku, et le Bakemono était vraiment très fort aussi. Les deux Samouraï avaient l'air bizarre par contre. Leurs mouvements étaient comme... Vous savez, cette poule l'autre jour, qui est morte ? Ben ils faisaient comme elle juste avant qu'elle tombe ! Des gestes secs, vifs, qui s'arrêtent sans raison...
Y'en a même un des deux qu'y a eu la main coupée par le sabre du Bakemono, mais on aurait dit qu'il avait pas mal. Il a juste secoué son bras, comme on fait pour enlever une mouche...
Et aussi, chaque fois qu'un bougeait, le vent m'apportait cette odeur de mort, horrible. Moi, Karedo, je suis solide, j'ai l'habitude de voir dépecer les charognes, vous le savez, et même (là, le braconnier a regardé un peu craintivement un homme fier, à quelques tables de lui, qui portait au coin de son armure le Mon du seigneur local. Mais devant son sourire blasé, il a continué, piteusement)... enfin, quand elles sont déjà bien mortes. Mais là, ça m'a fait être malade tellement ça puait fort. J'ai été détourné pendant plusieurs minutes, et y'a eu un cri, alors je me suis vite essuyé, et y'avait un nouveau gars qui se battait, avec un grand chapeau de paille sur la tête, qui lui mangeait le visage. Lui, je l'avais pas vu, il avait dû se cacher comme moi, et il devait attendre. Ca m'a impressionné que je l'avais pas senti.

Le paysan avec le bâton allait attaquer par derrière l'humain avec le Nunchaku, mais quand il a vu le nouveau, il s'est arrêté et s'est dirigé vers lui. L'autre lui a cassé le bras, j'ai entendu le craquement ! Mais ç'ui à la peau si pâle a pas bronché, il a tenu plus fort son bâton.
J'ai pas pu tout voir ensuite, parce que je regardais le Budoka, qui venait de tomber par terre. Il était comme mort. Le gros Bakemono a pas aimé du tout, il est devenu furieux, et... pam... d'un seul coup, y'avaient les Samouraï étendus par terre, l'autre au bâton aussi. Sûr qu'il est fort le monstre ! Plus loin, l'humain au bâton était par terre aussi. Mais le Bakemono a pas fait attention à lui, il s'est précipité vers le petit humain et l'a pris dans ses bras. Il est venu près de là où j'étais, alors j'ai bien vu leurs visages... Le... Avec le Nunchaku, ben c'était une femelle !!!
J'ai pas pu croire ça, mais j'ai pas eu le temps de regarder mieux, le Bakemono venait vers moi. J'ai pas eu peur, je suis fort aussi, je me serai battu ! Karedo c'est pas un poltron, mais je pouvais pas me battre avec lui parce que si j'avais été blessé trop, j'aurai pas pu venir vous prévenir, alors j'ai préféré vite partir me cacher plus loin, derrière un autre arbre. Dans la petite clairière, y'avait plus que le gars au chapeau, avec les cadavres. Un avait le crâne explosé, les autres j'ai pas vu. Mais je suis sûr que c'étaient des morts-vivants !"

Un éclat de rire a fusé sur la gauche : "Et gars, t'es déjà tout à fait plein ! T'es sûr que t'étais à la chasse, et pas en jolie compagnie à boire du Saké ? Ah ! Ah ! Ah !!!" Mais l'homme fier s'était soudainement levé, et il a quitté la pièce. De partout, les commentaires allaient bon train. Qui de raconter que sa fille avait raconté des choses bizarres l'autre jour, en revenant de la cueillette. L'autre de se souvenir de la mort curieuse de cet étranger, quelques temps plus tôt... La tension montait, le ton redevenait sérieux. Soudain, tous se sont levés, dans un salut respecteux. Le Ji-Samouraï venait de faire son apparition dans le cadre de la porte, on apercevait derrière lui la silhouette de l'Ashigaru.
Des places s'étaient subitement libérées à une table, un chiffon avait été passé, et Yanako posait gracieusement un bol fumant devant le Ji-Samouraï.
Il s'est assis et, d'un geste de la main, a fait signe à Karedo de poursuivre.

"J'ai suivi le Bakemono qui portait la femme comme si elle était très importante. Je l'entendais grogner à voix basse, il avait l'air furieux,et triste aussi. J'ai continué à le suivre, et il a débouché sur un campement de Bakemono. Ils étaient plus de cinquante, ça c'est sûr !
Ils vont venir détruire nos maisons, et tuer nos femmes et nos enfants, et nous on peut pas les laisser faire, que je me suis dit. Alors j'ai regardé autant que j'ai pu. C'était pas normal, ils se battaient pas.
Y'avaient des tentes, qu'ils avaient même pas déchiré et mis par terre. On aurait dit des soldats, parce qu'ils m'ont fait penser à quand j'avais vu la troupe de Notre Seigneur Sama. Le Bakemono a posé le corps de la fille, et il est reparti en sens inverse. J'ai encore dû m'enlever très vite de là où j'étais, sinon il m'aurait trouvé et il m'aurait mangé.

Je pensais que les monstres allaient se jeter sur la fille pour la déchiqueter et s'en régaler, mais même pas ! Ils se sont tous occupés d'elle. Y'en a un qui s'est mis à rugir, et les autres se sont écartés ! C'était incroyable ! Ils se sont occupés d'elle ! Puis un autre humain est arrivé ! Il était suivi par un Bakemono, on aurait dit que c'était son garde du corps. Je suis resté encore tellement je croyais pas ce que je voyais.

Plus tard, le gros Bakemono qui avait ramené la femme parlait avec l'humain qui était arrivé avec le monstre derrière lui. Et des Bakemono ont commencé à dresser quelque chose, je voyais pas ce que c'était. Ils sont devenus très nerveux. J'entendais leurs cris de bêtes ignobles. Ils ont même fini par partir, par petits groupes, comme en patrouilles.

J'ai compris qu'ils finiraient par me trouver, et j'ai pas voulu être là si ça arrivait, alors je suis parti aussi vite que j'ai pu. J'ai pas été à la maison, je suis venu ici pour vous le dire. C'est pas normal ce qui se passe !! Y'a tout près d'ici des Bakemono qui sont organisés, qui vivent avec des humains sans les manger... Depuis quand ils sont gentils avec les humains ??? Non, c'est pas normal !! Et les morts-vivants, c'est pas normal non plus ! Ils préparent quelque chose, ou alors je ne suis plus Karedo. Alors voilà, je vous l'ai dit."

Le braconnier s'est incliné devant son Seigneur, dans une courbette plus pataude et comique que respectueuse. Le Ji-Samouraï l'a remercié de sa présence d'esprit, d'être venu si vite raconter ça aux autorités, et un grand débat à commencé. Chacun y allait de son avis, je vous épargne les détails. Finalement, notre Seigneur a pris la décision d'envoyer son humble serviteur à Tedayama, pour prévenir le Grand Homme Teda Sama, paix à son âme, de ce qui se passait là-bas chez nous. Il va sans dire, en effet, qu'une telle effervescence, un tel comportement des Bakemono, ne peut laisser indifférent, et si des mesures doivent être prises, nul doute que Notre Seigneur prendra les bonnes ! Et notre ami Karedo, s'il prend parfois quelques libertés avec la loi n'en reste pas moins un homme de parole...
Nous n'avons pu nous résoudre à mettre véritablement son récit en doute...
Que Bouddha soit seul juge et nous punisse si notre naïveté doit être révélée."


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