Depuis son arrivée à Tedayama...

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Un début balbutiant

Arrivée à la fin du mois de Mutsuki, Kurako a mis un certain temps avant de s'habituer à sa nouvelle existence.
Ceux qui l'ont rencontrée au début du mois de Kisaragi n'ont vu en elle rien de plus qu'une jeune fille seule et perdue.

Au cours de la première semaine du mois de Kisaragi, elle s'est rendue au Salon du Lotus Etincelant, afin d'y rencontrer un heimin, de ceux qui demandaient de l'aide volontaire. Mais, arrivée sur place, elle n'a pas su s'imposer. Perturbée, peu sûre d'elle, elle s'est laissée impressionner, et a fini par rentrer, tête basse et bredouille, au coeur de Tedayama.

En route pour la cité impériale

Le troisième jour de la deuxième semaine de Kisaragi, j'ai quitté Tedayama avec l'escorte d'Oiseau Tranquille Sama. Le groupe, parti pour un mois, devait veiller à la sécurité du célèbre Gakusho, chargé d'une mission à Shinkatsu, capitale impériale.

Mais la semaine suivante, un Heimin a surgi sur notre chemin, implorant notre aide : son village (à mi-chemin entre Tedayama et Nobukazu) venait d'être détruit par un gigantesque incendie.
Après un rapide entretient, Oiseau Tranquille Sama a décidé de scinder le groupe en deux : Matsuo San, Kenji Sama, Koda San, Onisaboru San et moi irions aider le Heimin pendant que lui-même, accompagné du reste de l'escorte, continuerait sa route.
Nous nous sommes donc retrouvés tous les cinq, en compagnie de ce Heimin paniqué. Il nous a expliqué que des flèches enflammées étaient "tombées du ciel", qu'une sorcière était venue quelques jours auparavant, demandant aux villageois de lui remettre toutes leurs vivres...
Les événements nous ont paru liés. Arrivés sur les lieux du massacre, nous n'avons pu que constater le désastre : tout était saccagé, et les corps avaient été brûlés avant l'exécution des rites Seggaki. La question qui nous hantait tous était : "pourquoi obliger toutes ces âmes à errer ainsi ?" Question sans réponse.

Le Heimin nous a appris qu'il y avait un autre village (Nobukazu), à deux jours de marche, où les villageois avaient accepté de donner leur nourriture à la sorcière en échange d'une soi-disant protection. Protection qui ne les a pas sauvés de la mort par le feu... Village ravagé, saccagé, comme celui du Heimin.
Du village, des traces partaient. Les suivant, nous sommes arrivés sur une sorte de plateau. Les traces continuaient, et nous ont finalement amenés au bord d'un lac, où des Kapa nous ont attaqué, sortant brusquement de l'eau saumâtre.
Après un rapide combat, une Shugenja est arrivée, celle-là même que le Heimin rendait responsable de l'incendie. Elle nous a expliqué qu'elle dépendait d'une puissance supérieure, qu'elle semblait d'ailleurs craindre. Elle était en fait possédée et manipulée par le Premier. Les Kapa lui servaient de garde du corps, et elle a tenu le seul survivant bien éloigné de nous.
Mais nous n'avons pas appris grand chose. Sauf qu'il y avait, non loin du lac, une grotte où elle avait livré la nourriture. Sur place, nous n'avons rien découvert de concluant.
Pour finir, cette Shugenja et Matsuo San ont fait une sorte de cérémonie étrange. Et Matsuo San, après, nous a dit qu'il pouvait désormais communiquer par la pensée avec cette femme, capable de distinguer les "flux de magie qui se déplacent sur la Presqu'île".

Nous avons demandé à la Shugenja de venir avec nous à Tedayama, afin qu'elle y rencontre Dame Aïko Sama, mais malgré notre insistance, elle a refusé.
Koda San est rentré en premier avec le Heimin, qui est allé faire son rapport à Dame Aïko Sama, puis nous les avons suivi de quelques jours, dans le courant de la deuxième semaine de Yayoi.

A l'école de magie

Rapidement, j'ai demandé audience à Aïko Yoshida pour lui faire part de mes déductions, suite à cette aventure, et de quelques interrogations plus personnelles. Notre entretien fut bref, mais je sais maintenant qu'elle s'occupe de très près de toutes ces histoires étranges qui arrivent dans la province.
Son école est magnifique, et elle-même est charmante.
Elle a un très joli chat.

Enquête au Nord

Au petit matin du 2ème jour de la 3ème semaine de Yayoi, je quitte de nouveau Tedayama, avec le groupe dirigé par Toshiro Nakura Sama, chargé d'enquêter sur la présence éventuelle d'une armée de Bakemono dans le nord de la province. Nous sommes 28.
Nous passons notre première nuit dans un petit village où nous sommes très bien accueillis (entre Takao et Matsuyoko). Le lendemain, nous traversons Matsuyoko, où la population est préoccupée par l'avenir du village : va-t-il subir le même sort que ces autres dont ils entendent tant parler ? Mais la présence de Kyo Kashiro Sama les rassure : si Mino apporte son soutien ! Le soir, alors que nous sommes proches de Takaashi, nous établissons notre campement dans la nervosité. Des tensions semblent naître entre certains membres du groupe.

Nous parvenons à Urosagi au soir du quatrième jour de la troisième semaine. Ce n'est que désolation : tout a été dévasté, et nous repérons une maison, dont tout une partie a été complètement broyée ? Nous nous organisons afin de nous protéger au mieux, et d'établir un camp durable et sécurisé. La tension est de plus en plus grande, une exécution est évitée de peu, les esprits s'échauffent...
Puis Ishiro San, qui était parti en reconnaissance aux alentours revient précipitamment, poursuivi par des Bakemono. Les ordres fusent, et dès leur apparition de derrière la colline, les Bakemono sont assaillis par les flèches des archers. La bataille est très brève.

Redoublant de précautions, accumulant des tactiques militaires, nous arrivons, un jour et demi plus tard, dans une forêt. De notre position, nous pouvons voir des groupes de Bakemono placés en sentinelles tous les cinquante mètres.
Je pars, de mon côté, en reconnaissance, et Takori Sama fait de même. Finalement, nous découvrons que ces sentinelles protègent une grotte, protégée en plus par 4 autres Bakemono et un Daï-Bakemono.

La bataille qui s'ensuivit, je préfère ne pas la relater ici (voir journal 6), mais elle nous avait affaiblis. Toshiro Nakura Sama a disparu dans la brume, enlevé sûrement par un Shugenja qui est apparu en plein milieu de la mélée. Ensuite, quelle idée ! nous sommes entrés dans la grotte.

Et malgré toutes les théories tactiques, les plans prévisionnels et autres, le bilan est là qui parle de lui-même : Morihé San est décédé, Kyo Kashiro Sama est dans le coma, et nous sommes tous blessés, sauf Matsuo San, dont l'âme semble bien pure, qui ne sait plus où donner de la tête...
En ce qui me concerne, j'ai le bras gauche cassé au niveau de l'épaule, le bras qui pendouille, et un formidable hématome au niveau du torse...

Pourquoi un tel massacre ? Et bien, dans la grotte se trouvait un énorme Daï-Bakemono aveugle, de trois mètres de haut, qui n'a vraiment pas apprécié notre intrusion ! Il était d'une force incroyable, mais je ne peux que lui rendre hommage : quand il a compris qu'il ne pourrait pas sortir vivant du combat, il s'est fait Seppuku. Nous en étions tous émus malgré nous...
Il reste cette grotte, qui abrite maintenant Ishiro San et Kyo Kashiro Sama, assistés de Matsuo San. Et il y a cette jarre étrange, couverte de Sutra, qui repose en bas, sur son socle...

De mon côté, je me sens bien faible, cette douleur est chaque instant plus insoutenable, mes sentiments sont étranges...

Nous nous sommes finalement installés pour la nuit. De mon côté, j'ai dormi comme une souche, pour me réveiller, en pleine nuit, quelques mètres à côté de là où je m'étais endormie, et entourée par tous mes compagnons, qui tous me regardaient l'air passablement inquiet.
Et j'avoue que la réponse à mon "Ben quoi ? Qu'est-ce que vous avez tous à me regarder comme ça ?", j'étais loin de me l'imaginer... Mon corps se serait mis à léviter sous une colonne de fumée, pour stopper juste en dessous, vite rejoint par le corps d'Ishiro San. Le corps de mon compagnon, paix à son âme, aurait été pris de convulsions, et son ventre aurait finalement explosé, pour en laisser sortir une sorte de forme noire qui est venue se réfugier en moi...

Les conclusions ont été rapidement tirées, et le lendemain, juste après un repas rapide, j'ai quitté notre groupe, pour rentrer, sous l'escorte d'un Ashigaru à qui j'avais confié mon arme, à Tedayama.

Le Temple de Petit Singe Sama

Ma première action, de retour en ville, a été de me rendre en consultation auprès de Petit Singe Sama, afin de me faire excorciser.
Je vous passerai les détails, mais, le soir même, Petit Singe Sama et Aïko Yoshida Sama ont décidé, après une séance d'exorcisme réussie, qu'il valait mieux pour tout le monde que je reste dans une cellule close, au Temple, sous la surveillance de deux Shoei, en attendant que tout danger soit définitivement écarté.

Il semblerait, en effet, que le Premier ait tenté de prendre possession de mon corps, voire de mon âme, et j'avoue que sans les interventions judicieuses de Dame Aïko Sama et de Petit Singe Sama, il y aurait sûrement réussi.

Plusieurs jours plus tard, alors que je désespérais sérieusement de revoir un jour le ciel de notre belle cité, Aïko Yoshida Sama est arrivée pour sa visite quasi quotidienne.
Elle semblait inquiète, mais un sourire s'est rapidement dessiné. Elle m'a, en quelques mots, informée que Petit Singe Sama et elle-même venaient de prendre la décision de me laisser sortir : les soupçons qui pesaient sur moi étaient enfin levés !

Dans le couloir, ce couloir que j'avais contemplé tant d'heures durant, et dans lequel je pouvais maintenant déambuler à ma guise, un moine qui attendait m'a remis un baluchon contenant mes affaires... Mon Nunchaku ? Oui, mon Nunchaku était bien là ! Rassurée, heureuse, je suivais Dame Aïko, le sourire aux lèvres.

Je vais désormais être hébergée à l'école de magie, mais avant tout, Dame Aïko me demande de partir dans les Monts Ida, en quête de Kamitsukenu San qui semble s'y être égaré.

Les Monts Ida

Je suis partie avec Tanaka Sama, Tetsuo San, Akun San et Hisakata San, quittant Tedayama dans le but de retrouver Kamitsukenu, dont nous étions sans nouvelles.
Grâce aux provisions données par Dame Aïko Sama, nous pouvions aller tranquilles, sans craindre de manquer ni d'eau ni de nourriture. Tanaka Sama avait d'ailleurs insisté pour que nous ayons aussi du Saké, nos soirées promettaient d'être agréables...

Tanaka Sama menait la marche, et le rythme était fort rapide. Le premier jour s'est déroulé sans incident, et le lendemain soir, nous avons rencontré trois Heimin avec qui nous avons passé la soirée, chacun de nous ayant l'espoir d'apprendre enfin quelque chose sur Kamitsukenu, mais non, ces gens n'avaient rien à nous apprendre. La soirée s'est déroulée tranquillement, Akun San nous a offert un conte avant la nuit.

C'est un peu déçus quand même qu'on a repris la route le jour suivant. En chemin, nous avons rencontré, entre Iwatsuka et Shimomura, une famille tirant une charette, et sur celle-ci, leur mari et père. Il avait été blessé au cours d'une attaque incompréhensible de démons, un fils avait été tué... Ils avaient cru trouver de l'aide dans un village voisin, mais il s'agissait de celui où s'était rendu Koda San - et il était déjà dévasté.

Hisakata San, très émue par ce récit, a décidé de leur apporter son aide, elle est donc restée avec eux.

Plus tard, nous sommes arrivés à Shimomura. Le village, à la limite de l'insalubre, était surpeuplé à cause des villageois voisins qui étaient venus s'y réfugier après une attaque de démons sur leurs terres.
Décidemment, ces démons semblent être partout ! Après avoir discuté avec l'ancien du village, ainsi qu'avec un jeune homme réfugié, Tanaka Sama et Tetsuo San ont décidé de recruter des villageois, afin de les former à certains arts martiaux, pour que tous soyons prêts à repousser ces démons. Akun San, lui, souhaite obtenir de plus amples renseignements.
Quand à moi, je suis partie avec Rijomatso, le jeune villageois, sur les lieux où il a vu des démons, quelques temps plus tôt.
J'espère y trouver quelques indices, voire peut-être rencontrer moi-même ces créatures, et savoir enfin ce que c'est !

Et bien, cette expédition n'a pas pris le sens que j'espérais : après quelques temps de marche, nous sommes arrivés dans un temple, où Rijomatso m'a présenté Rivière Tranquille, un vieux moine plein de sagesse et de bonhommie. Nous avons aussi pu y entendre un jeune homme, qui nous a appris que Koda San était venu là quelques mois auparavant.
Nous avons poursuivi notre chemin jusqu'à un village proche, où régnaient un silence et un calme par trop inhabituels...

Mais les doutes ont été levés quand, quelques pas plus loin, nous avons vu les villageois attroupés autour d'une cabane à laquelle ils allaient mettre le feu. Un homme hurlait un prénom de femme en tentant d'entrer dans la cabane, stoppé par ses congénères. Des hurlements, et pas seulement humains, se faisaient entendre... J'ai appris qu'un démon se trouvait là-dedans.
Sans trop réfléchir, je me suis approchée et, entendant des raclements, je me suis mise à faire le tour : en effet, l'un des pans de mur était lacéré de l'intérieur, sur le point de céder... Me mettant légèrement en retrait, j'ai laissé faire et, la chose qui est sortie de là n'était franchement pas agréable à voir !!

Son flair trop sensible m'a fait repérer, et je n'ai pas pu éviter un combat qui, s'il fut bref, n'en fut pas moins éprouvant. Rijomatso me fut d'une aide incomparable, je crois bien qu'il m'a d'ailleurs sauvé la vie...
Rapidement, la situation s'est éclaircie : cette femme qui gisait par terre, brûlée superficiellement, était l'épouse de ce villageois qui hurlait ; elle avait été enlevée par cette chose alors qu'elle cueillait des baies en lisière de forêt, et quand le monstre avait été enfermé, elle s'y était retrouvée avec lui...

Rivière Tranquille, que Rijomatso ramenait, l'a soignée, et ses jours ne sont plus en dangers. Il m'a également soigné, et mon entaille au flanc se referme tranquillement... Après quelques heures de plus dans ce village, nous en sommes repartis. Je sais que les villageois m'accueilleront bien si je reviens ici.

De retour à Shimomura, les choses n'avançaient guère. Puis, lors d'une discussion avec Tanaka Sama, les événements ont pris un goût de Saké passé... Le ton montait, notre désaccord était flagrant, je n'y voyais aucune porte de sortie... J'ai fini par le provoquer en duel.
Ma réaction était vive, oui, et je regrette maintenant d'être allée aussi loin dans mes actes à ce moment là, et dans mes paroles...

La seule solution, comme il refusait de prendre les armes contre moi, semblaient être que je retourne à Tedayama expliquer cette affaire devant les autorités. Je suis donc partie mais, ne pouvant me résoudre à cette situation, que je trouvais particulièrement dommage, je suis revenue sur mes pas, guettant le moment où Tanaka Sama prendrait son tour de garde.
Ca n'a pas été facile, mais nous avons finalement pu entamer une discussion plus sereine. La situation semblait s'améliorer, mais les mots de chacun ont fini par heurter l'autre... Tout alors s'est passé très vite : le ton et monté, nul ne voulait céder à l'autre, mais aucun ne souhaitait concrétiser ce duel... Mais quand il m'a pris dans ses bras, je n'ai pas pu laisser passer, et il n'a pas pu refuser une seconde provocation en duel.

Maintenant, Tanaka Sama est mort, et nous devons, Tetsuo San, Akun San et moi-même, décider de ce que nous allons faire.

Au matin, les trois Ronin engagés par feu Tanaka Sama sont venus nous dire qu'ils partiraient, comme prévu, leur temps de contrat achevé... Nous avions un jour pour décider...
Le 5e jour de la 3e semaine de Fumi-zuki, nous partons finalement. Nous sommes 22, et laissons Brise du Soir derrière nous, malgré son désir évident de nous accompagner. Mais Torao Sama, le Rônin, est ferme, et sa décision ne laisse pas de discussion.

Avec Rijomatso, nous avonçons en tête. Nous dépassons Matsao, pour arriver aux abords d'une forêt qui semble cacher les contreforts des Monts. Ici, la brume règne partout en maître et Torao nous enjoint au plus grand silence, à la plus grande discrétion.
Peu rassurés, nous pénétrons dans la brume, suivant un petit sentier que Rijomatso nous a indiqué. Notre avancée est hésitante, il nous faut nous arrêter sans cesse pour laisser à notre guide le temps de trouver ses repères, nous refaisons parfois quelques pas en arrière, l'ambiance s'alourdit. Les hommes deviennent nerveux, on pourrait presque toucher leur peur, leur angoisse...

Nous faisons une pause dans une clairière, non loin de Hiroyamatse, et profitons tous de cet instant plus paisible, qui semble providentiel dans de pareils lieux.
Mais Toshiaki, l'un des Rônin, aperçoit un mouvement au bas des arbres.
Torao décide de monter deux équipes de deux pour aller voir : il partira sur la gauche avec Toshiaki, pendant qu'Akun San et moi-même prendrons par la droite.
Le mouvement, qu'on peut apercevoir en plissant un peu les yeux, semble lent et régulier, inquiétant en fait. Sans aucun mal, nous parvenons jusqu'à l'endroit qui bougeait, et là... Deux cadavres sont pendus par les pieds, au début de leur processus de décomposition. Des entailles béantes sont visibles un peu partout sur leurs corps, des lambeaux de peau ont été arrachés. Baissant les pieds, nous ne pouvons que voir la teinte marron de la mousse, du sang coagulé, partout du sang et l'odeur de la mort.

Après une inspection rapide qui ne fait que confirmer mes doutes, je précise à mes compagnons que ces hommes ont été victimes d'une créature semblable à celle que j'ai tué, dans la cabane de Matsao. Nul doute est possible.
J'inspecte aussi les environs, à la recherche de traces de lutte ou de pas, et je découvre, cachée au milieu d'un buisson qu'elle a à moitié écrasé dans sa chute, une tête humaine sanguinolente.
Akun semble paralysé par la scène, il se met, apparemment, en attitude méditative, on dirait qu'il veut discerner tous les mouvements, mais j'ai l'impression que ça ne fait qu'augmenter sa peur...

Et je distingue aussi, bien nette, une seule empreinte, qui mène vers ce sentier qu'on voit s'enfoncer dans la brume, à quelques pas. D'autres empreintes se dessinent aussi, mais que nous avons piétinées, donc moins reconnaissables.

Quelques minutes plus tard, les choses avaient pris une tournure irréversible : tout le monde sait désormais que je suis l'Exécuteur, serviteur du Premier. Il n'est plus question, évidemment, que je reste au sein de ce groupe alors, ne pouvant y résister, je donne mes derniers conseils à mes compagnons d'aventure : après tout, j'ai combattu l'une de ces créatures, et mon expérience leur sera peut-être utile... Puis je disparais de leur vue...

Un nouveau départ

Après quatre jours d'une longue marche, j'arrive sur les lieux de mon rendez-vous. Je dois rencontrer un Daï-Oni qui me secondera dans ma tâche nouvelle de Commandant de la Première Armée de l'Ombre.

Notre prise de contact est difficile. Bayushi Sugaï aurait dû obtenir mon poste... Il sert notre maître depuis des années et ne comprend pas pourquoi, subitement, il doit obéir à une petite humaine dont il n'a jamais entendu parler, et qui occupe la place qu'il convoite tant...
D'entrée de jeu, il a mis mes capacités et ma loyauté en doute, me menaçant, soi-disant pour me prévenir, de me tuer si je venais à tenter quoi que ce soit contre Le Premier notre Maître. Un tel rejet était évidemment inacceptable, mais mes armes sont moins aiguisées que les siennes... Quand il m'a provoqué en duel, je n'ai pu qu'accepter.

Nous nous mettions en position quand les cris de fureur de notre Senseï se firent entendre. Constatant que Bayushi Sugaï refusait de m'accepter comme son chef, Le Premier a décidé de nous mettre à l'épreuve, tout en nous prouvant combien il nous faisait confiance, à l'un comme à l'autre...
Je suis rapidement tombée dans l'inconscience, à la merci de Bayushi Sugaï. Je ne sais pas ce qui s'est passé ensuite, mais j'ai repris connaissance, soutenue par un Bayushi Sugaï bienveillant. Nous avons rapidement fait la paix et accepté de nous faire mutuellement confiance.

Maintenant, notre collaboration peut commencer, j'ai un conseiller et un garde du corps hors du commun.

Mais il fallait ensuite que je prenne le commandement de l'armée. Bayushi m'a présentée aux soldats et aux officiers, mais là encore, je n'ai reçu que rejet et refus. Dès mes premiers mots, j'ai pu constaté la stupeur, et la confusion dans mes troupes... Mes questions étaient sans réponses, quand un officier s'est finalement avancé pour me dire qu'ils ne reconnaissaient pas ma valeur.
Chosokabe Saru est l'actuel capitaine de l'Armée des Ombres. Il est respecté par les officiers et admiré par les soldats. Son opinion est comme un fer de lance...

Il demandait à voir ma valeur au combat, et pour cela, il n'y avait qu'un seul moyen : le duel. Ainsi, avant même d'avoir pris véritablement le commandement de mes troupes, j'ai dû me battre contre le meilleur officier...
Le combat a été on ne peut plus intense, et je n'aurai pas su prévoir son issue... Mais, acculée, j'ai finit par utiliser les grands moyens, surprenant mon adversaire par une manoeuvre imprévisible tout autant que violente... Dans l'instant de confusion qui suivit, les soldats ébahis élevant un murmure de surprise, j'ai touché Chosokabe à la tête, le déséquilibrant. Il est tombé lourdement, sa tête heurtant une pierre...

Je lui ai tendu la main pour l'aider à se relever, et il n'a pu qu'admettre que je l'avais battu avec mes propres armes... Désormais, il m'acceptait comme son chef, il allait m'obéir.

Mais je n'étais pas au bout de mes peines, car les soldtas n'étaient pas aussi disposés que lui à m'accepter, et mes premiers ordres n'ont pas été suivis...
Alors qu'une cinquantaine de soldats devaient aller chasser pour nous rapporter le repas, ils ont revenus avec des boeufs et une charrette remplie de sacs de grains... Après un bref interrogatoire, il est apparu qu'ils l'avaient "payée" à des Heimin qui s'étaient enfuis à leur arrivée...
Ma colère n'y a rien changé, et notre Maître est intervenu à point nommé pour rétablir l'ordre.

En quelques phrases, en donnant à peine un ordre, il a amené les soldats et les officiers à de bonnes dispositions envers moi. Le problème était simple, encore fallait-il en avoir conscience : mes troupes sont habituées à un code vestimentaire très précis, et aucun soldat ne me reconnaissait comme Commandant parce que rien dans me tenue ne lui montrait qu'il devait le faire...
Depuis que je sais ça, j'ai donné ma parole de suivre le code vestimentaire et protocolaire de cette armée... Dès que ma nouvelle tenue sera prête, chacun m'obéira sans broncher.
D'ici là, ce sera peut-être encore un peu délicat, mais les troupes sont prévenues, et prêtes à attendre calmement, sachant que ce n'est qu'une question de quelques jours et qu'ensuite, les codes seront respectés.

Etonnante mission

Tout aurait dû se dérouler plutôt facilement, en tout cas jusqu'à notre arrivée au terme de notre mission. Nul n'avait prévu... ceci !

Nous sommes partis depuis plusieurs jours, dans une ambiance un peu tendue, mais le moral était bon. Nous avions tous encore en tête, je pense, la visite de Notre Maître Vénéré. En marchant, j'ai entendu quelques Bakemono échanger leurs impressions, à voix basse, impressionnés. Car oui, il faut le dire, Notre Senseï est impresssionnant ! Mais... Vous le découvrirez bien assez tôt ! Ah ! Ah ! Ah !

Après la cérémonie de consécration, nous avons rapidement levé le camp, et traversé une forêt, dans le plus grand silence. N'auraient été les voix gutturales des Bakemono, et le bruit de nos pas, nul son ne se serait échappé de cette forêt. Pas un bruissement d'aile, aucun cri d'animal... Rien. Mais nous avons continué, pensant trouver, au sortir de la forêt, à l'arrivée au village, une juste explication.
Seulement... Quelque chose d'anormal a eu lieu ici... Tous les habitants sont morts, un chien attaché, les poules... Rien de vivant ici, sauf nous.
Chosokabe s'occupe des troupes, le Rônin n'a pas émis la moindre parole, notre nouvelle recrue semble effrayée, mais il est courageux et fait face. Nous devons au plus vite trouver des indices de ce qui a pu se passer dans ce petit village. Nous devons éclaircir toute cette énigme ! Notre mission ne peut supporter d'être trop retardée...


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