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Bienvenu sur les terres du clan
AKA

 

Assieds-toi, rônin. Ma maison est bien humble pour un samouraï portant fièrement le daïsho mais je vois que ta fatigue est telle que le calme de cet endroit te plait et t'attire autant qu'un palais ou qu'une maison de geisha. Rien de tout cela chez moi mais je t'accueille avec grand plaisir à partager mon ordinaire.
La poussière sur ton kimono, tes pansements tâchés de sang et surtout la fatigue dans tes yeux disent que tu fais partie de ceux qui ont eu la chance ou la malchance de sortir vivant des luttes qui éventrent Shinkatsu. Pour ce soir, détends-toi, tu es sur les terres du seigneur Aka Tashiya sama.
Non, ne t'excuse pas, les Aka n'ont pas la réputation de la lignée Teda ou Mino, notre province est peu connue. Puisque les Bouddha m'ont permis d'honorer mon devoir d'hospitalité envers toi, je serais un bien mauvais hôte et bien mauvais sujet du clan Aka si je ne te racontais pas l'histoire de notre clan. Installe-toi confortablement sur les tatami, j'ai fait venir une flasque de saké de chez mon voisin qui le fait lui-même. Il n'est sans doute pas digne de toi mais il est la bonne température. J'ai travaillé dans une auberge dans ma jeunesse. Voici encore quelques boulettes de riz et du poisson frais de nos rivières. Prends quelques coussins et écoute l'histoire des Aka, mes seigneurs et maîtres...

 

L'histoire des Aka est une des plus anciennes de Shinkatsu. Même s'ils n'ont jamais occupé le devant de la scène, les Aka ont toujours été présents dans tous les soubresauts qui ont agité la péninsule.
Les Aka n'ont jamais été un clan tout puissant, ils n'ont jamais régné sur des territoires immenses. Depuis la fondation de la lignée qui remonte à Aka Ishiro, un des fidèles samouraï du grand seigneur Shinkatsu sama, le clan vit sur les mêmes terre.
Notre glorieux ancêtre avait fait un choix judicieux, un choix basé sur le long terme. Ces terres se trouvent au sud-ouest des Monts Ida et s'étendent sur plusieurs vallées fertiles, arrosées par les rivières qui descendent nombreuses des monts. Les vallées sont ponctuées d'escarpements qui étaient autant de places fortes potentielles.

Dès le début, les Aka ont toujours pris le parti de ne pas chercher à étendre leur province de manière démesurée. Leur province est donc la même depuis de nombreuses générations, ne s'agrandissant que fort peu au gré des batailles, refusant les grandes guerres de conquête forcément éphémère. La plupart de leurs rares extensions territoriales ont été acquises par des dons, des récompenses, attribués soit par l'empereur, soit par les shoguns.

Cette politique ouvertement dénuée de visée expansionniste a permis aux Aka de faire partie de la plupart des alliances, des conseils, et d'avoir une influence importante sur Shinkatsu. Ils étaient souvent appelés en qualité de conseillers, émissaires, diplomates, tant par les empereurs, les shoguns que par les grands seigneurs. Leurs avis sont écoutés car ils ne sont pas aveuglés par l'envie de prendre les terres de leur voisin. On dit que c'est pour ça que l'empereur leur accorda la grue, symbole de sagesse, pour orner leur mon.

L'application de cette politique pendant plusieurs générations a également permis aux Aka de ne pas se ruiner en guerres, en salaires versés à des rônins. Leur effort militaire s'est tourné vers le durable. Les Aka ont pu édifier et perfectionner le réseau de forteresses parmi les plus inexpugnables de Shinkatsu. Là encore, le choix de la région destinée à servir de berceau aux Aka s'est montré fort judicieux. Les montagnes et les collines se sont avérées autant d'alliées à jamais fidèles.

Bien entendu, aux cours des âges nombreux ont été ceux qui ont voulu voir de la faiblesse dans l'attitude des Aka et nombreux sont ceux qui se sont précipités sur une proie qu'ils espéraient facile. Ainsi, les Aka eurent fréquemment à défendre chèrement leur bien. Et leurs attaquants purent se rendre compte que la grue du mon des Aka est aussi pourvue d'un bec acéré et elle sait parfaitement s'en servir ! !

 

Puisque notre monde est ce qu'il est, mes seigneurs ont eux aussi cherché à perfectionner leurs compétences martiales, tant pour honorer le Bushido que pour survivre. Comme tu t'en doutes, les Aka rechignent fortement à déclencher des guerres de mouvement, de conquête. Leur art est l'art de la défense et cet art se retrouve autant dans leur stratégie à l'échelle de la province que dans les styles de combat personnel développés dans le clan.

Les forteresses du clan Aka sont parmi les plus inexpugnables de Shinkatsu. N'ayant pas ou peu agrandi leur territoire depuis longtemps, les Aka ont eu tout le loisir de consacrer toute leur énergie et leur richesse à l'amélioration perpétuelle de leurs systèmes de défense Murs d'enceinte renforcés, fossés larges, possibilité pour les défenseurs de trouver plusieurs points de replis successifs, système d'approvisionnement, machines de guerre puissantes (catapultes, balistes, canons) permettant de harceler sans fin les assiégeants.

C'est pour ces raisons que les Aka ne disposent pas d'une cavalerie de samouraïs lourds : une fois dans la forteresse ils sont plus une gêne qu'un bienfait, notamment à cause des chevaux. L'armée Aka est une armée d'infanterie, forte par ses fantassins (samouraï ou ashigaru) capables de se battre sur le champ de bataille mais aussi de garnir efficacement les murs, forte aussi par ses archers et par ses servants de machines de guerre.

Les quelques cavaliers de l'armée Aka sont principalement des éclaireurs et des messagers ou encore les samouraïs qui s'adonnent à l'équitation en tant qu'art du bushido et non dans le but de servir en campagne militaire.

 

Pour ce qui est des écoles de combat de la province, leur style a bien entendu été influencé par les choix militaires du clan Aka.

L'archerie est la première discipline dans laquelle le clan Aka excelle Les écoles sont nombreuses et réputées. Les arcs et les archers Aka se sont taillés une belle ré ;putation dans Shinkatsu. Bien entendu, certains grands archers Aka sont dévoués corps et âmes à l'art du kyudo et parviennent à des prouesses incroyables. L'un de nos plus célèbres senseï est paraît-il totalement aveugle. Archer et aveugle ! Pardonne mon ignorance des choses des armes, cher invité, mais cela me surprend à chaque fois que j'y pense.

La poliorcétique, un mot bien étrange, rônin, pour expliquer tout ce qui concerne l'art des forteresses. Les Aka possèdent une des rarissimes écoles traitant de l'art du siège d'une forteresse (tant pour les prendre que pour les défendre) et de l'utilisation des machines de siège. Cette école Aka étudie et améliore sans cesse les techniques et technologies des fortifications et des machines de guerre. Elle essaie aussi de mettre au point les meilleures stratégies et tactiques de siège.

En combat au corps à corps, les styles enseignés dans notre province reposent sur deux principes fondamentaux chers aux Aka :
discerne les faiblesses de ton adversaire
pour connaître l'endroit à frapper quand ce
moment arrivera
soigne ta défense pour que l'adversaire
s'épuise en attaques stériles car une fois
fatigué il ne pourra résister à ton attaque.

Ces principes se retrouvent tant dans les techniques avec armes que dans les techniques à mains nues.

 

Mais qu'est un clan si on ne décrit pas celui qui le dirige. Notre seigneur est Aka Tashiya sama. C'est un homme relativement jeune (la cinquantaine) ayant eu 5 enfants avec Tomoko-sama, une très belle femme. Malheureusement, Tomoka-sama mourut de maladie il y a maintenant 8 ans et Tashiya-tono resta veuf. Sans être bigot, Tashiya est un fervent bouddhiste. Sa benjamine, Komiko, a d'ailleurs été ama pendant quelques années. Comme nous regrettons, nous heimin, la mort de Tomoko sama. Elle était la plus belle et la meilleure des femmes. Une bénédiction des bouddha sur notre province, crois-moi.

L'influence de la forte personnalité de Tomoko se fait encore sentir bien qu'elle soit morte depuis près de 8 ans. De son vivant, elle avait réussi à créer une réelle unité dans sa famille, unité qui est restée depuis. A ses 5 enfants, elle avait tracée des voies différentes, tant pour correspondre à leurs aspirations personnelles que pour servir la cause de la province Aka.

Le fils aîné, Hiroo (27 ans), est bien sûr destiné à prendre la suite de son père. Très tôt, Tashiya sama l'a associé à la direction de la province pour le tester et permettre une passation de pouvoir en douceur quand le moment sera venu. Tashiya sama a d'ores et déjà annoncé que pour son soixantième anniversaire (à moins que Bouddha ne le rappelle avant), il se retirera dans un monastère des Monts Ida, laissant la direction de la province à son fils.

Le cadet, Yasamura (25 ans), est un homme sombre, discret, taciturne. On le voit rarement car il voyage beaucoup à ce qu'on dit. Il ressemble à sa mère comme deux gouttes d'eau. On le voit souvent sur la tombe de Tomoko sama, sa mort l'a terriblement affecté.

Komiko (21 ans), la seule fille, a eu une éducation samouraï classique. Toute dévouée à Bouddha, elle fut élevée en grande partie dans les temples bouddhistes de la province et voulut devenir Ama. Néanmoins, son père refusa son entrée dans les ordres. Quand elle fut en âge, Tashiya sama la maria à un allié. Le mariage ne fut ni heureux ni malheureux, juste un mariage d'alliance. A la mort du mari, la belle-mère de Komiko intrigua pour reprendre les rênes de son fief et écarta Komiko. Des tractations eurent lieu entre la belle-mère et Tashiya: Komiko retourna sur les terres Aka, laissant les mains libres à la belle-mère, en échange de compensations diverses (rentes et terres frontalières, enfin toutes ces choses que seuls les seigneurs connaissent). Depuis, elle partage son temps entre les temples et monastères de la province et ses obligations de cour.

Toori (19 ans), était de loin le plus turbulents des frères. Tomoko sama canalisa toute cette énergie brute vers le bushido. Il est devenu un samouraï et un combattant très prometteur malgré son jeune âge, adepte du ni-to kenjutsu et bien sûr du kyujutsu. Aujourd'hui, Tashiya sama le destine progressivement à occuper le poste de général en chef des armées de la province Mais il a encore beaucoup à apprendre et il fait ses armes.

Himitsu (11 ans), est le petit dernier, un cadeau tardif des Bouddha aux époux Aka. Il est encore bien jeune et sa destinée n'est pas tracée. Pour l'instant, il suit la même éducation stricte que ses frères et sœurs en attendant que sa vocation apparaisse.

 

Comme tous les autres habitants de Shinkatsu, les Aka sont très inquiets de la tournure que prennent les choses dans la péninsule :

L'arrivée de celui qui s'appelle le " Premier "
Les armées de bakemono qui ravagent tout sur leur passage
La longue sécheresse
Les guerres qui font couler beaucoup trop de sang
Les sectes qui nient les fondements même de notre société et l'existence de Bouddha
Et tant d'autre encore...

En ces temps troublés, la tentation est forte de se replier sur ses forteresses et de laisser passer le flot des malheureux devant sa porte sans l'entrouvrir. Mais ce n'est pas là la voie de l'honneur, ce n'est pas là la voie de Bouddha, ce n'est pas là la voie de la fidélité à notre empereur. Aka Tashiya sama œuvre sans cesse pour essayer de faire revenir un peu d'ordre dans notre pays dévasté. Il n'économise pas sa peine et essaye de faire entendre la voix de la raison à tous ceux qui l'écoutent dans le brouhaha du monde. Il envoie des émissaires chez les seigneurs Kaga, Ida, Mino, Teda et même Etchu. Apporte son aide et son influence pour empêcher que tout ne dégénère d'un coup. Comme les autres, il redoute surtout les agissements du sombre Premier et de ses sbires.

Je vois que tu es un peu reposé, tes joues ont repris de la couleur. J'espère que je ne t'ai pas trop ennuyé avec mes histoires de vieil homme en manque d'auditoire. A mon tour de me taire, je serai très honoré que tu me fasses le récit de tes exploits. Tu sais, à mon âge, on préfère la vie des autres à la sienne. Je t'écoute...